La revanche de la cagole
Néo-féministe, michtonneuse, diva de la street, la cagole n'a pas fini de faire parler d'elle.
Le 24 Juillet 2023 par Jenny Dubois
Originaire du sud de la France, le terme cagole a su, comme la majorité des expressions argotiques, dépasser les frontières. Si les mots voyagent de bouches en oreilles à travers l'espace et le temps, leurs significations évoluent, s'adaptent et parfois même se transforment en tout autre chose.
"Vé moi cette cagole !"
Considérée comme une femme aux moeurs légères, vulgaire et clairement too much, la cagole prend cher. On s'écoute la dénigrer et souvent sans aucune retenue. Mais lorsque que l'on fait le tour de la question, passé les clichés, on se rend à l'évidence : Qui sommes-nous pour juger ? Nos arguments, si l'on décide d'être sincère, ne seraient-ils pas motivés par un brin de jalousie ?
La cagole impose un style ultra féminin, un franc parlé, elle est indépendante et se fiche du qu'en dira-t-on. Elle s'assume et use d'une liberté qui nous éclate en pleine figure.
Les cocottes, les scandaleuses et autres michtonneuses ont bravé les époques parfois même au péril de leurs vies. Mata Hari, Joséphine Baker, Marilyn Monroe, Brigitte Bardot, ont choqué, dérangé, fasciné. L'ultra-féminité qu'incarne la cagole de la street n'est qu'une suite logique qui en dit long sur la place des femmes dans nos sociétés.
La cagole aurait-elle changé de face ? Peut-être. Ce qui est sûr c'est qu'elle fascine.
De nos jours et bien qu'il reste encore du chemin à parcourir, les femmes ne négocient plus, l'ère est à la contre offensive.
Sociologues et philosophes se sont penchés sur le sujet, les résultats de leurs études respectives s'accordent : Celle qu'on comparait à la bimbo écervelée, voire à la catin du quartier, dévoile en vérité une multitude de personnalités bien plus complexes.
Un style extraverti, une voix qui porte, un langage sans filtre, une volonté d'exister dans une société qui tend à l'homogénéité. Mère célibataire ou à la tête d'une famille, adolescente qui fuit les carcans du quartier, drag queen combative, la féminité est poussée à l'extreme. La cagole, consciente ou pas de son statut, veut qu'on la remarque, elle se veut au centre, elle se doit d'exister.
"Oh ! qu'est-ce t'as à me regarder ?"
Femme fatale 2.0, perchée sur 15cm de talons, qui gène, éclabousse, brille par une présence forte. Elle génère le malaise, la moquerie, la jalousie, l'empathie, et pourtant même celles et ceux qui la dénigrent, en vérité, envient sa liberté. La cagole ne laisse personne indifférent. Qu'on assume ou pas, elle nous influence. Il n'y a qu'à nommer quelques unes des grandes figures féminines, stars de notre époque, telles que Beyonce, Rihanna, Nicki Minaj, pour le comprendre. L'engouement pour les vedettes de télé-réalité, les Kardashian, Loana, Nabilla pour ne citer qu'elles. Si leur statut leur octroie un certain respect, il n'en demeure pas moins que leur attitude, leur style vestimentaire et la parole qu'elles portent s'apparentent sans équivoque à l'image même de la cagole.
Le mistral a tourné et a balayé devant nos portes. La cagole prend désormais la posture d'un archétype et les clichés qui la définissent, deviennent des revendications. Néo féministe, la cagole d'aujourd'hui prend sa revanche et envoie se faire voir ceux qui n'ont rien à lui apporter !
Article Idéologie du thème du Bal des Cagoles
